23: La rue des Poissonniers et 24: L’intersection des rues de Panama et de Suez

Publié le par la Goutte d'Or: Trésor caché de Paris-Nord

 

RUE DES POISSONNIERS

 

 

 

C’était l’ancien chemin de la marée. C’est par cette voie que l’on apportait le poisson à Paris. Le fruit de la pêche des régions du nord et de la haute Normandie était apporté par la rue des poissonniers, par des « voituriers de poissons de mer », appelés aussi  «chasses marée » aidés de chevaux. Ils pénétraient par la porte des poissonniers, située entre celle de la chapelle et celle de Clignancourt, empruntaient la rue appelée depuis rue des poissonniers jusqu’au quartier des halles, où la vente au détail était assuré par des « harengères » sur un emplacement attribué par le roi. Il fallait 14h en 1500 pour faire parvenir le poisson de Dieppe à Paris.

Emile Zola décrit d’ailleurs la rue des Poissonniers dans ses carnets d’enquête alors qu’il se documentait pour L’Assommoir : « Elle montait puis descendait vers les fortifications. Assez étroite, toujours noire et boueuse surtout à l’entrée des boulevards. Il se trouvait également à tous les coins, des marchands de vin… ».

 

 

INTERSECTION DE LA RUE DE SUEZ ET DE LA RUE DE PANAMA

 

 

Un quartier qui possède une vocation de terre d’accueil

 

 

 

 

Ce qui caractérise le quartier de la Goutte d’or, c’est la proportion exceptionnellement forte d’immigrés. D’abord  immigrants des provinces françaises au XIXème siècle, puis venus de Belgique, Italie, Pologne et Russie et surtout à partir de 1920, d’Afrique du Nord. Ce quartier a toujours été un formidable creuset d’intégration

Avant 1860, La Goutte d’or ne faisait pas partie de Paris et ne supportaient donc pas le poids des taxes imposées aux marchandises à leur entrée dans la Capitale. De ce fait, le coût de la vie était moins élevé et c’était donc là que se fixait les populations pauvres. Il s’agit principalement de paysans obligés de quitter leur terre pour aller  travailler sur les grands chantiers, ceux du chemin de fer notamment. Les hommes immigrés sont jeunes et seuls. Après, la défaite de 1871, on voit affluer les Alsaciens et les Lorrains réfugiés des zones annexées par l’Allemagne. Ils représentent à cette époque environ 6% de la population du quartier. Ensuite, l’immigration russe et polonaise est formée pour une grande partie de familles juives fuyant les persécutions raciales. Elles ont pris un caractère officiel en 1881, ce qui fut une conséquence indirecte des mouvements révolutionnaires. Beaucoup de ces immigrants de l’est campent dans les arrondissements nord de Paris, nombreux viennent s’installer à la goutte d’or. Ils travaillent comme ouvrier ou bien créent des ateliers artisanaux. Ils disparaitront du quartier pendant la seconde guerre mondiale. Pour finir, dès 1920, l’immigration africaine s’accroît car les besoins de main-d’œuvre en France sont énormes dus à la guerre : il y a une perte de 10% de la population masculine active. Les algériens vont arrivés de plus en plus nombreux à cause de la situation économique de l’Algérie, très dégradée du fait des conséquences de la guerre. La majorité de ceux qui s’installent  en France entre les deux guerres ne font pas venir leur famille. Ils souhaitent repartir chez eux. La population maghrébine va se renforcer continuellement jusqu’aux années 1960.

 

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            Le quartier de la Goutte d’or est marqué par une grande diversité de nationalités, il est le quartier prioritaire accueillant la population immigrée la plus nombreuse. (36% sont nés à l’étranger contre 18% à Paris.) Cette immigration est illustrée par le commerce qui en résulte.

 

 

 

          

 

 

 

        L’ancienne usine Pauwels

           

 

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             C’est à l’emplacement de ces rues que se trouvait la fabrique de machine à vapeur d’Antoine Pauwels. Né en 1796 à Paris, il a commencé sa carrière industrielle avec une petite entreprise de produits chimiques. Mais il doit sa fortune aux becs de gaz, inventés par Mr Watt, un anglais. En effet, il monte en 1820 une société pour l’exploitation d’une usine à gaz. En 1836, il crée à la Goutte d’Or, cette usine de machines à vapeur. Comme Cavé, vu précédemment, il s’intéresse aux trains. Il devient maire de la Chapelle et c’est lui qui fait paver les rues et les éclaire au gaz. Après 1848, il quitta la Goutte d’Or pour s’installer en Belgique.

 

            C’est alors en 1860, que la compagnie des Omnibus installa sur ce lieu un dépôt de véhicules, des écuries pour les chevaux ainsi que des bureaux.

 

         En 1884, la compagnie des Omnibus réalise une excellente opération immobilière en vendant assez chère ses terrains aux promoteurs immobiliers. Les installations (garages pour les voitures, écuries pour les chevaux, ateliers de réparations) sont transférées au nord du 18ème arrondissement, rue Pajol, là ou se trouve encore aujourd’hui le dépôt et les ateliers de la RATP. Les promoteurs font alors de cet endroit, un groupe de logements, appelé le nouveau lotissement Suez-Panama. Il comporte un coté rue, destiné à l’époque à une population d’employés, agents de maitrise et commerçants et un coté cour, plus modeste et à bon marché abrité par des ouvriers. La typologie architecturale de ce lotissement est caractéristique de l’époque de la révolution industrielle dans ce quartier. Pour finir, la forme du terrain entraina le choix d’un plan en entonnoir ou en « Y » que dessinent les rues de Suez et de Panama avec une ouverture étroite sur le rue Léon.

 

 

 

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